Partager la publication "Rester zen dans un monde qui l’est de moins en moins…"
Erik Pigani – Avril 2013
De bric, de broc et de zapping, voilà notre quotidien, plein à craquer d’activités, objets, informations, communications, et de plus en plus éclaté, morcelé, surchargé, surpressé. Sans compter que le temps qui s’écoule semble subir les mêmes bouleversements que le temps qu’il fait. « Il n’y a plus de saisons ! »… Ce qui équivaut à dire : « Il n’y a plus de temps ». C’est vrai. Plus rien, aujourd’hui, ne semble être prévisible. Auparavant, ce qui donnait confiance en la vie, nous permettait d’entrevoir l’avenir, de le préparer et de s’y préparer, portait un nom : la cohérence. C’est grâce à elle que l’on se sentait appartenir à un monde logique, ordonné, rassurant. Une société, avec ses qualités et ses défauts, certes, mais avec des valeurs plus ou moins stables… Plus rien ne sera jamais comme avant, chacun le sait. Ou le ressent. Le problème, c’est que, à défaut d’un système cohérent, à quoi peut-on se préparer ? La seule chose que l’on sait, à propos de notre avenir, c’est que l’on peut s’attendre à tout…
Ces quelques réflexions sur la « décohérence » du monde ouvrent quasiment tous les livres de développement personnel par le zen que j’ai pu écrire ces dernières années. Depuis l’an 2000 plus précisément, date de parution du petit recueil Soyez zen. Je m’aperçois aujourd’hui que mes remarques sur l’accélération et la « compression » du temps sont toujours et encore plus d’actualité. Une impression parfois nette, parfois plus diffuse, que beaucoup ressentent dans cette sorte de montagne russe énergétique et émotionnelle dans laquelle nous sommes tous embarqués. Avec, bien sûr, le besoin de retrouver un système cohérent, qui puisse encadrer à la fois le corps, le cœur et l’âme, les autres, l’environnement, le monde et l’univers… Pour ma part, c’est la voie zen que j’ai choisie, sans être vraiment sûr de l’avoir choisie : peut-être son aspect pratique, concret, lumineusement dépouillé, et surtout individualisé, m’a-t-il appelé ? Ceux qui ont déjà approché le zen ont pu découvrir une philosophie spirituelle qui rend au « bon sens » sa vraie valeur. Ce sacré « bon sens », tant dévalorisé par un intellectualisme baigné de néo-freudisme et relégué au rang des remèdes de bonne femme. Pourquoi ? Parce que le bon sens, par essence, est simple. Trop simple. C’est pourtant à une recherche quotidienne de la simplicité que le zen nous invite. Dire que c’est une philosophie pleine de bon sens ne signifie pourtant pas qu’il s’agit d’une pensée simpliste, et encore moins simplette. En témoignent les principes bouddhistes complexes de la vacuité ou du vide, ou les kôans, ces fameux jeux d’esprit forgés de paradoxes ou de courtes histoires. À propos de la simplicité, si vous en avez envie, vous pouvez méditer ce petit kôan personnel : « La simplicité n’empêche pas la complexité ; la complexité empêche la simplicité ». C’est donc en retrouvant le bon sens de la vie que l’on peut remettre sa vie dans le bon sens. Et c’est en retrouvant le chemin de la simplicité que peut se dessiner, parfois en filigrane, un univers cohérent, épuré du « trop », du surplus, des peurs du manque ou des faux besoins.
Ces derniers temps, j’ai croisé pas mal de gens désemparés, avec qui j’ai pu partager mes doutes aussi. Entre les tensions intérieures, les coups de fatigue inexplicables, la lassitude extrême qui donne envie de tout arrêter, l’angoisse d’un avenir qui ne se dessine plus, difficile de ne pas se sentir déstabilisé. On me demande souvent que faire dans ces cas-là. Je ne sais pas ce qu’« il » faut faire, et juste répondre ce que je fais : je porte mon attention sur les petits gestes du quotidien en étant au meilleur de mes possibilités du moment. Et je parle bien de ces « petites choses » auxquelles on n’accorde qu’une importance secondaire – nettoyer un coin de cuisine, ranger quelques papiers, se faire un petit repas pour soi… D’autres « petites choses sans importance » en regard des exigences de notre société ponctuent aussi mon quotidien : allumer une bougie pour demander protection et soutien, s’arrêter trois minutes pour regarder un arbre, s’allonger 10 minutes pour juste fermer les yeux… Pourquoi s’attarder sur ces choses si simples ?
Je n’en avais pas besoin, mais ce week-end je me suis fait un petit plaisir en m’achetant une poignée de mini balises solaires dans une jardinerie. Ça a l’air un peu bête, mais hier soir j’étais ravi de les voir s’allumer la nuit tombée pour marquer les limites de la petite allée qui remonte mon jardin. Et cela m’a fait sourire intérieurement. Parce que nos petits gestes du quotidiens, s’ils sont faits dans le « ici et maintenant » et en pleine conscience, c’est-à-dire à la lumière de notre soleil intérieur, peuvent être nos petites balises pour avancer dans l’obscurité mordoresque qui semble se répandre sur notre monde.
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Au cours de toutes ces années, j’ai pu pratiquer un exercice que j’aime particulièrement : inventer des exercices « pour être bien ». Je dois en avoir fait quelques centaines, dont certains ont été largement repris à droite et à gauche. Chaque mois, je vous donnerais un exercice adapté à ma réflexion du moment.
Extrait de l’album Faeries
(composé, orchestré et arrangé par Erik Pigani)
L’exercice d’Avril (à découvrir avec l’extrait de l’album Faeries)
Lorsque vous avez la tête trop pleine cet exercice vous permettra, entre autres, de reprendre contact avec la terre et de faire circuler l’énergie pour vous alléger.
- Debout, pieds nus, détendez-vous et laissez tomber les épaules.
- Yeux ouverts, respirez lentement en gonflant votre ventre.
- Déplacez légèrement votre corps vers l’avant pour placer tout votre poids sur la pointe des pieds. Revenez à la position initiale.
- Déplacez légèrement votre corps vers l’arrière pour placer votre poids sur les talons.
- Répétez ce mouvement trois fois.
- Recommencez l’exercice yeux fermés. Vous risquez de ressentir un léger déséquilibre au début.
- Reprenez alors la position droite et stable, bien en appui sur les deux pieds, et recommencez jusqu’à ce que vous vous sentiez calme et bien ancré au sol.
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De temps en temps, pour illustrer mes réflexions du mois, je joindrais l’une de mes compositions musicales. Il y a quelques années, j’avais composé la Berceuse de la reine des fées, pour mon album Faeries. Elle est écrite dans un pur style classique « néo-romantique » pour flûte solo et orchestre. Ceux qui l’ont écouté m’ont souvent dit qu’elle avait un pouvoir incroyablement « apaisant ». Il est possible que ce soit dû à sa stabilité rythmique et au timbre « rassurant » de la flûte. Vous pouvez l’écouter en faisant l’exercice de mieux-être du mois d’avril.